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Anciennes conférences

Maryvonne CHARTIER-RAYMOND

Basler Forum für Ägyptologie

L'eau dans les sites miniers pharaoniques au Sud Sinaï

13.11.2009

Les sites miniers du Sud Sinaï ont été exploités depuis le tout début de l’histoire égyptienne pour fournir en cuivre et en turquoise les temples et le trésor royal. Ils forment un ensemble complexe disséminé dans le massif montagneux. Les noms des sites de Sérabit au nord et de Maghara sont les plus connus. Les expéditions malgré la brièveté des séjours et l’irrégularité de leur présence, ont su comprendre et mettre en valeur la disposition et les conditions naturelles des lieux pour optimiser leur travail. L’eau en est un exemple. Les nombreux mineurs en avaient besoin pour leur vie quotidienne et leur alimentation, ils en avaient aussi besoin pour les libations aux divinités. Et surtout, l’eau était essentielle pour leur travail. Pourtant qui a visité cette région est frappé par l’absence apparente d’eau. Cependant les conditions climatiques antiques avaient favorisé la présence d’une couverture végétale plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. La présence d’arbres dont ils faisaient du charbon de bois était nécessaire aux mineurs pour la transformation du minerai de cuivre en métal. L’importance des scories au Ouadi Naseb témoigne de la présence jadis d’une végétation très florissante favorisée par une source abondante et qui existe encore aujourd’hui. L’observation des fonds et des rives des ouadis révèle le passage de torrents violents qui ont érodé les bords et déposé sable et gravier à la limite supérieure atteinte par les eaux et dans les cônes de déversement comme celui à l’embouchure du Ouadi Baba dans la plaine de Markha. Des orages et les pluies de fin d’automne et d’hiver peuvent tomber en abondance. Les expéditions ont su conserver cette eau saisonnière. Les mines pour l’exploitation du cuivre et de la turquoise étaient creusées en tranchées ou en tunnels, parfois en exploitation à ciel ouvert. Les carrières creusées parfois sur d’anciens sites de mines donnaient aux Egyptiens la pierre pour le temple de Sérabit et ses nombreuses stèles. Les mineurs ont compris l’utilisation possible de ces aménagements pour les transformer en citernes et ainsi assurer leur ravitaillement en eau. Un exemple étonnant d’utilisation de l’eau et de son abondance relative est l’existence de tables de lavage aménagées à proximité de certaines mines de turquoise. Elles montrent des lignes parallèles de piquetis et de trous creusés dans la roche, correspondants à des sortes de filtres et de piquets retenant des filets. Les mineurs pouvant ainsi nettoyer la turquoise de sa gangue lors de sa découverte et de son affinement. L’eau était ensuite récupérée et réutilisée. L’extraction de la turquoise selon les croyances des anciens Egyptiens n’était possible que si la divinité, Hathor, dame de la turquoise, le voulait. D’où l’importance, et même la nécessité de son culte, et la quantité d’inscriptions de prière et de louange gravées par les expéditions. Un petit sanctuaire inachevé taillé au nord-ouest du temple, montre un aménagement inhabituel. Situé le long de la pente, il profite d’un petit écoulement supplémentaire et reçoit ainsi la moindre eau de pluie en libation automatique, même lors de l’absence des expéditions. Ainsi même si l’eau n’est pas un élément apparent du massif montagneux, les mineurs pharaoniques ont su parfaitement comprendre et tirer remarquablement parti de la géographie et des éléments naturels pour pouvoir mener avec succès leur mission.

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