Anciennes conférences
Marguerite MORFIN
Institut d'Égyptologie François Daumas
Les fouilles de Permedjed, la future Oxyrhynchos
30.05.2008
Depuis 1992, par le biais de relations internationales, je suis associée aux fouilles du site d’Oxyrhynchos, menées par l’université du Caire et de Barcelone sous la direction des Professeurs J. Padró et Hassan Amer. La ville d’Oxyrhynchos, est le nom grec d’un site égyptien plus ancien, « Celui des Medjaiou » (P(3)-n-Mḏ3yw) de la période ramesside, qui a évolué au moins sous Piânkhy en Pr-Mḏd. Avec Psammétique Ier, elle apparaît comme capitale du XIXe nome de Haute Égypte.
La ville actuelle de Bahnasa, également connue dans les textes coptes sous le nom de Pemdjé, est située à 200 km au sud du Caire, dans la province de Minieh. Les ruines de la ville gréco-romaine sont encore visibles dans le territoire occidental de Bahnasa, à l’ouest du Bahr Youssef : porte monumentale, carrefour marqué par une colonne, nilomètre, théâtre. Les parties fouillées sont précisément localisées sur la rive ouest du Bahr Youssef, dans le désert occidental, non loin de ces ruines.
La ville grecque a pris le nom du poisson au nez pointu, l’oxyrhynque – également connu sous le nom de mormyre –, qui était vénéré dans le XIXe nome de Haute Égypte. De ce culte, des ex-voto de bronze représentant des mormyres ont été retrouvés dans une « favissa » des environs de Bahnasa. Certains de ces poissons portent le nom de Touèris, dans une formule du type : « Touèris donne la vie à Onnophris, fils de Sisobek ». Leur tête est surmontée d’une couronne d’Hathor-Isis. Leur corps est parfois placé sur un traîneau à la manière d’une statue votive. Ce poisson incarne la déesse Touèris, annonciatrice de la crue du Nil et de la renaissance végétale. Le dévot déposait ce poisson dans la cour du temple pour un sien décédé. D’après les nombreux papyrus grecs, coptes, ramassés sur le site par Bernard Grenfell, Arthur Hunt et Evaristo Breccia, les Grecs ont rendu un culte à Athéna qu’ils ont identifiée à Neith et Touèris. Neith est la divinité protectrice de la ville de Saïs et des pharaons de la XXIVe et XXVIe dynastie. Cette déesse guerrière est vénérée dans tout le désert occidental et plus particulièrement au Fayoum. Comme Touèris, elle protège Osiris. Touèris aurait eu plusieurs sanctuaires dans la ville d’Oxyrhynchos. Parmi les nombreux documents, le papyrus copte qui relate le martyre d’Apa Epima mérite d’être signalé. Il mentionne un temple pour cette divinité, non loin du tétrastyle et du forum, à proximité du chantier de fouilles.
L’origine d’Oxyrhynchos semble avoir été une forteresse dès Ramsès II, vite devenue une ville importante. Son rayonnement est dû en partie, à sa situation géographique : un carrefour de voies caravanières et fluviale. Très tôt, l’oasis de Bahria va lui être associée et désignée dans les textes grecs comme « petite oasis » d’Oxyrhynchos.