L’histoire des sphinx des dromos thébains est très complexe. Au nombre de plusieurs centaines, ces sculptures monumentales  ont été maintes fois déplacées, remployées, transformées, modifiées,  réaffectées de sorte qu’il est difficile actuellement de reconstituer  leur disposition originale. Pourtant nous savons par plusieurs indices,  que cette succession quasi obsessionnelle de sphinx associait aux  déplacements d’Amon, roi des dieux, au cœur de sa capitale, toutes les  villes et dieux d’Égypte. Chaque sphinx affichait un nom de ville et  d’un dieu associé. Les perturbations de l’histoire ayant mélangé toutes  les pièces, les scribes ont eu recours à un système de repérage par  signes hiéroglyphiques original. Ce sont les étranges « signes  cryptographiques des sphinx de Karnak ». Leur étude conduit à des  interrogations nouvelles sur les usages taxinomiques des scribes  égyptiens. En croisant ces sources « dromiques » fort perturbées avec  d’autres listes divines du même type, soit liturgiques (Ramsès III et VI  à Médinet Habou), soit juridiques (Amenhotep IV), l’exposé proposera  une restitution de cet atlas de géographie liturgique de l’Égypte tel  que le concevaient les prêtres et administrateurs royaux du Nouvel  Empire. La procession participait ainsi à une célébration litanique  collective, plus énumérative que théologique.